On dit que le meilleur conseil vestimentaire, c’est de ne jamais donner de conseils et de s’habiller comme on veut sans se soucier du regard des autres. La recommandation est louable mais néglige les moments où on se sent seule face à son miroir ou perdue devant une penderie sans âme. Et ça, ca me va encore ? Si je mets ça avec ça, c’est pas too much ? Avec mes formes,  je peux tenter ça ? Et à mon âge…. ? Quand on estime avoir manqué d’éducation vestimentaire ou d’un mode d’emploi pour habiller une silhouette qui a changé ou pour combler des envies qui ont évolué, on peut avoir besoin de coups de pouce pour valider ses choix. Écouter les conseils d’experts semble donc logique. Le hic, c’est que la plupart des règles vestimentaires sont des raccourcis qui peuvent faciliter la vie si on a besoin d’être rassurée (= j’applique ce qu’on me dit de faire) mais en réalité, ils manquent de nuances et sont généralement trop réducteurs. Conséquence, au lieu d’ouvrir des portes, ils limitent la créativité et vous verrouillent dans des stéréotypes dont il est difficile de s’extirper. Et lorsque ces injonctions se contredisent, c’est le casse-tête. Qui croire ? Ma recommandation : vous méfier des exhortations trop directives et faire davantage confiance à la voix qui fait écho en vous. Le point sur 5 affirmations répandues.

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Il faut se connaître pour bien s’habiller

Ça veut dire quoi ? Repérer les coupes qui vous flattent ? Les couleurs qui vous mettent en valeur ? Les styles qui relèvent votre personnalité ?...  Evidemment, c’est un vrai plus. Mais se connaît-on un jour complètement ? S’il fallait attendre de maitriser les contours de son corps et d’en avoir terminé avec ses errements vestimentaires pour commencer à se faire confiance, on risquerait de s’ennuyer dans une garde-robe qui stagne. Je trouve dépassée et très culpabilisante cette façon de séparer celles qui savent (ou pensent avoir compris) ce qui leur va et celles qui ont du mal à se cerner. Pourquoi faudrait-il attendre de se connaître ? Et à quel moment la connaissance de soi est-elle censée arriver ? L’âge de la sagesse vestimentaire dépend de l’expérience de chacune et peut être bouleversée après une épreuve ou un changement de morphologie. Je vois des femmes qui savaient s’habiller puis ne savent plus. Elles ont 30, 40 ou plus de 60 ans. La bonne nouvelle, c’est que le savoir-faire vestimentaire passe surtout par l’apprentissage et non pas par une connaissance rigoureuse de sa silhouette et de la mode. Vous réussirez à dynamiser votre style grâce à des phases d’expérimentation. Même les loupés vous permettront de savoir ce que vous ne voulez pas. Puis par extension, ce que vous préférez. À moins de porter un uniforme, ce jeu se poursuit toute la vie.

Il faut respecter son type de morphologie

Oui, c’est essentiel de tenir compte de ses formes pour se sentir bien dans ses vêtements. Mais c’est à vous de déterminer ce que vous trouvez confortable, ce que vous souhaitez mettre en valeur et dissimuler. Je vous déconseille donc de suivre les recettes indiquées pour habiller les types morphologiques (A, H, V, X, 8, O) : elles sont généralement trop globales et ne tiennent pas compte d’aspects plus essentiels de votre morphologie, comme la longueur de vos jambes, le volume de vos seins ou la taille de votre cou. Et ça change tout. Elles oublient aussi la façon dont vous vous tenez, votre allure et surtout ce que vous percevez de vous. Ainsi, vous pouvez vous voir imposer des pièces qui, sur le papier vous mettent en valeur mais qui tomberont mal. Vous pouvez aussi avoir envie de coupes « interdites » pour votre silhouette parce qu’elles ne vous flattent pas « comme il faut ». Or, qui mieux que vous savez ce qui vous dérange ou pas. Peut-être détestez-vous vos fesses généreuses ou au contraire adorez-vous votre silhouette callipyge. Pourquoi vous refuser les jupes plissées parce que vous avez des hanches (silhouette en A) et vous cantonner aux jupes trapèze ? Je suis sûre que vous pouvez trouver la bonne jupe plissée. Et pourquoi mettre forcément votre taille en avant (silhouette en 8) alors que vous rêvez d’une silhouette androgyne ? Si les conseils morpho de base vous aident, suivez-les mais sachez que vous avez certainement les moyens de les dépasser.

Il faut suivre la mode pour ne pas être has been

Heureusement, pour avoir du style, vous n’êtes pas condamnée à copier-coller les tendances. Le style, c’est ce que vous dites à travers vos vêtements. Qu’ils soient actuels, rétro, décalés, simples ou farfelus, ils renseignent sur la personne que vous êtes. L’allure ne s’achète pas et demeure imperceptible, surtout pour soi-même. Mais dans toutes les injonctions se cachent une part de vérité. Alors non, si personne n’est obligé de suivre la mode pour rester dans le coup, en revanche, les tendances ne sont pas forcément toutes bonnes à jeter. Observez ce qui vous interpelle sur les podiums et, encore plus intéressant, dans les magazines, les vitrines, les films, la rue ou les réseaux sociaux. Pas pour vous imposer l’imprimé ou l’accessoire du moment qui risque de vous lasser très vite mais pour nourrir vos envies. Voyez les mouvements de la mode comme un vaste laboratoire d’idées dans lequel puiser ce qui vous interpelle. La curiosité vous permettra de mettre votre garde-robe au goût du jour selon votre propre curseur. Ainsi, entre la folle de mode et celle qui la survole de très loin, vous n’avez pas à choisir votre camp. On peut être moderne sans être à la mode. 

Il faut une majorité de basiques dans sa penderie

Cette injonction est généralement suivie de la liste des essentiels à posséder absolument. La chemise blanche, le pantalon noir, le trench beige, le jean brut et je passe la suite. On vous l’a tellement rabâchée que vous la connaissez par cœur. Halte là ! Bien sûr, pour faire tourner une garde-robe, c’est important d’avoir une base solide. Mais le choix des basiques sur lesquels vous pouvez compter pour porter la majorité de vos vêtements, notamment les plus périlleux, n’appartient qu’à vous. Par exemple, ne vous étonnez pas de ne pas trouver de trench beige à votre goût mais tentez des alternatives dans une autre couleur ou dans une version plus proche d’une parka. Parce que non, le trench ne vas pas à tout le monde. Le beige non plus. Pour repérer vos valeurs sûres, observez votre penderie et répondez à ces deux questions : 1) quels sont les vêtements et accessoires qui vous permettent de porter un maximum de tenues ? 2) Lesquels manqueraient pour faire tourner au maximum votre dressing ? C’est peut-être l’incontournable chemise blanche. Ou pas. Mais plutôt une palette de t-shirt gris colorés ou une chemise en jean. Restez focus sur vos besoins et votre fonctionnement.

Il faut trouver son style et le garder

Lors d’un premier rendez-vous, on me dit souvent : « Je n’ai pas de style ». C’est intéressant de s’exprimer à travers ses vêtements. Parce qu’en plus de nous porter, ils sont là pour souligner notre personnalité. Qu’elle soit discrète ou plus colorée. Mais je préfère parler de style au pluriel : c’est un peu réducteur de se cantonner à une famille (bohème, bourgeoise, classique, rock…). Vous méritez mieux que d’être cataloguée pour la vie. D’ailleurs, ces catégories sont un peu simplistes. Nous avons toutes nos définitions des genres et nos manières de les interpréter : votre notion du classique n’est peut-être pas la même que la mienne. Je vous invite à sortir de ces cadres pour déterminer votre alchimie vestimentaire. Demandez-vous ce que vous attendez d’un vêtement, ce qui vous attire et ce que vous ne supportez pas. Il y a parfois un fossé entre ce que l’on aime et ce qu’il y a dans sa penderie alors peut-être que le style dans lequel vous pensez appartenir ne vous correspond pas tout à fait. D’ailleurs, vous avez le droit de faire cohabiter plusieurs styles différents, voire opposés dans votre dressing. Selon les jours, vos états d’âme, les circonstances ou les besoins, vous pouvez passer de la sobriété à des silhouettes plus éclatantes ou extravagantes. Et si vous êtes fidèle à un style parce que vous vous y sentez chez vous ou que c’est plus simple comme ça, il n’est pas interdit non plus de le faire évoluer un peu ou beaucoup au fil du temps.