À force de visiter des garde-robes encombrées, je suis persuadée que le trop-plein brouille la visibilité (= j’oublie ce que j’ai) et freine la créativité (= je porte toujours la même chose). La solution : retrousser ses manches, trier, vider et réorganiser pour plus d’efficacité et d’inventivité. Sauf qu’avec l’apogée du minimalisme, je vois des bras pleins de bonne volonté éliminer un peu, beaucoup, beaucoup trop ou pas comme il faut, remplir des caves ou investir une nouvelle armoire… Des coups de balai désorganisés, improductifs ou trop radicaux.

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Moins mais jusqu’où ?

On a des tas de raisons de viser la tempérance de ses placards : c’est plus écologique (= on arrête de tuer la planète) et souvent plus esthétique (= on se réjouit devant une garde-robe rangée au cordeau). Mais on se trompe parfois d’objectif. Folle de mode, Sandrine a compris l’intérêt de placards lisibles au premier coup d’œil mais s’est encombrée davantage en multipliant ses espaces de rangement : « Je ne voyais pas le quart de mes vêtements tant ils étaient compressés et entassés, explique-t-elle. Alors j’ai décidé de me faire une capsule avec mes quinze pièces préférées et j’ai installé des portants dans mon garage pour ce qui ne rentrait pas. Mais au bout de quelques semaines, j’ai eu l’impression de tourner en rond. Et puis avec ces rangements dispersés dans la maison, j’étais tellement perdue que j’ai racheté des vêtements inutiles. » Si le trop-plein incohérent pollue le visuel et l’esprit, il va de soi qu’il faut prendre conscience du volume pour détoxer. Il ne s’agit pas de se débarrasser de tout au nom d’un idéal de penderie épurée ou codée mais de se recentrer sur son propre fonctionnement. Certaines personnes peuvent vivre avec trois jeans et deux paires de chaussures, d’autres souhaitent une garde-robe fournie et éclectique. Avant de vous lancer dans un nettoyage de printemps, apprenez à vous recentrer sur vos vrais besoins vestimentaires : soyez au clair avec votre appétit stylistique, gardez les pièces cohérentes et apprenez à tout porter sans vous ennuyer quelle que soit la taille de vos placards. 

Moins mais sans austérité

« Quand mon copain a emménagé, j’ai dû lui faire de la place, se désole Emilie devant sa moitié de placard sans âme. Influencée par les filles qui s’habillent avec trois fois rien, j’en ai profité pour ne garder que les vêtements les plus simples : mes jeans et mes hauts gris, beige et marine. » Hélas, le rêve de portants sobres et élégants censés simplifier la vie de ma cliente tourne au désappointement : « Je ne me suis pas du tout retrouvée dans mes choix, poursuit-elle. C’est en regardant d’anciennes photos que j’ai réalisé que mes pièces colorées me manquaient. Aujourd’hui, je me demande comment animer de nouveau ma garde-robe sans la surcharger. » Comme certaines femmes que je rencontre, Emilie a simplement confondu simplicité et frugalité. Un raccourci alimenté par de séduisants concepts lifestyle qui vantent les mérites du dépouillement de nos intérieurs et de nos penderies. Je le répète, le trop-plein pollue notre espace et notre mental. Mais je remarque une tendance à suivre un peu trop rapidement les jolis clichés, à conserver les basiques essentiels les moins dérangeants au détriment des habits plus vibrants qui contribuent à notre épanouissement. Or, on peut resserrer son placard en mixant basiques et pièces à forte personnalité dès lors que celles-ci s’entendent, nous simplifient la vie et nous donnent de l’énergie. 

Moins mais pas figé

Les chemins pour trouver son style sont parfois si sinueux qu’on peut se réjouir de rencontrer des vêtements dans lesquels on se sent (enfin) bien. Le bonheur ! Après des périodes de tâtonnements vestimentaires et d’accumulations de fringues à côté de la plaque, Armelle a trouvé il y a dix ans ce qu’elle appelleson style signature: chemises imprimées, carrés de soie colorés, jeans et derbies. Pour ne pas prendre le risque de s’égarer, la quadragénaire s’est débarrassée de tout ce qui ne rentre plus dans ses critères et, malgré les tentations, s’efforce de rester fidèle à ses piliers. Pour éviter de s’ennuyer donc de craquer pour des pièces boiteuses, elle reste en éveil : « Dès que je me sens à l’étroit dans mon uniforme, je bouge un petit truc. Par exemple, je suis passée du slim au jean droit, du jean noir au jean brut et la coupe de mes chemisess’oversizelentement mais sûrement. » Pour elle, il n’y a pas de secret, si on ne se met pas régulièrement au goût du jour, on peut vite avoir l’air plus vieille que son âge. « J’ai des copines dont le style pourtant tout simple n’a pas bougé depuis la fac, assure-t-elle. Et je suis désolée de dire qu’elles font mémé. » Armelle a compris qu’une penderie moins (mais bien) remplie n’est certainement pas inerte : le temps a le droit d’y passer lentement mais pas de s’arrêter définitivement.