Retour

Peut-on (encore) être victime de la mode aujourd’hui ?

Dans le roman Avril Enchanté écrit il y a un siècle par Elizabeth Von Arnim, Anglaise à la plume sensible et acérée, quatre femmes fuient Londres pour cohabiter dans un château médiéval en Italie. Un délice que je vous conseille si, comme moi, vous raffolez des auteurs anglo-saxons tels que Jane Austen ou Wilkie Collins. J’avais envie de partager un passage avec vous.
”Au début elle eut du mal à reconnaître les dames d’œuvre qu’elle avait rencontrées au club. Celles-ci auraient même pu passer pour séduisantes, si seulement on pouvait séduire quand on était aussi mal fagoté. (…) Dès le premier coup d’œil elle avait jugé qu’il ne valait pas la peine de s’attarder sur leurs vêtements. C’était de sa part une réflexion purement inconsciente car elle était dans une phase de réflexion violente contre les vêtements trop beaux et l’insupportable esclavage auquel ils vous soumettent. Toute son expérience lui avait appris que dès l’instant où l’on avait le malheur de les endosser ils ne vous laissaient plus en paix qu’on ne les ait promenés partout et fait admirer au monde entier. On ne mettait pas un vêtement pour aller à une réception, c’est lui qui vous y emmenait. Quelle erreur de croire qu’une femme vraiment élégante faisait parade de ses beaux habits, c’étaient eux qui la promenaient et l’exhibaient à toute heure du jour et de la nuit ! Comment s’étonner que les hommes restassent jeunes bien plus longtemps que les pauvres femmes ? Un nouveau pantalon ne les émouvait guère. En tout cas elle n’imaginait pas qu’il pût leur faire prendre le mors aux dents (ses images étaient un peu confuses mais elle ne s’était jamais souciée de les discipliner). Tandis qu’elle s’approchait de la fenêtre, elle se dit qu’il allait être bien reposant de passer un mois entier en compagnie de deux dames dont les robes rappelaient vaguement celles qu’on portait cinq ans plus tôt.” 
Oui au grand col du moment… s’il vous amuse
Chemisier en coton Mango
Aujourd’hui, on qualifierait cette demi-mondaine de snobinarde ou de fashion victim.Peut-on encore être “esclave de la mode” au point d’avoir envie de mettre sa garde-robe au vert ?  Peut-on se sentir aliénée par des vêtements “trop beaux” dans lesquels on ne se reconnaît pas ? Ce serait manquer de personnalité ou de confiance en soi.

Rien à voir avec la timidité vestimentaire qui se cherche.

Oui au jean « paper bag » s’il flatte votre silhouette
Jean La Redoute Collections
Oui aux « classiques » sabots de la saison si vous les aimez
ou s’ils matchent avec votre garde-robe
Sabots Mango 
On a toutes nos jours de flemme, des moments plus ou moins longs où on n’a rien à se mettre malgré une penderie qui déborde, des passages à vide où on ne comprend plus comment s’habiller… Je vois aussi des personnes qui se trompent de garde-robe, qui se projettent dans un style qui ne leur correspond pas ou des femmes qui achètent beaucoup pour combler une frustration ou compenser un moment difficile. Elles ne sont pas pour autant victimes « de la mode ». Elles pourraient aussi bien se tourner vers d’autres accumulations, cosmétiques ou déco.

En revanche, je rencontre de moins en moins de personnes dépendantes des injonctions de la tendance qui me réclament les vêtements qu’il faut absolument avoir cette saison.  Au contraire, les personnes que je conseille s’en méfient, ne veulent pas consommer pour consommer mais au contraire, souhaitent acheter des pièces qui vont durer longtemps et leur faire plaisir. C’est justement pour ne pas céder aux sirènes de la mode que les femmes (et les hommes) qui ont du mal à comprendre ce qui leur va – et parfois ce qui leur plait – me consultent.

Quand on s’habille avec plaisir, en accord avec sa personnalité et sa silhouette et avec la conscience de ses limites stylistiques, on est capable de décider de suivre, un peu, beaucoup ou pas du tout les tendances. Et c’est la meilleure façon de trouver des vêtements qui vont aider à à booster l’estime de soi.

Découvrez aussi :