Retour

La mode doit-elle être toujours confortable ?

 

Qui a envie d’avoir un clou dans sa chaussure, un pull qui gratte, un col trop serré, des bottes trop petites, une robe qui entrave la démarche, un fil de lurex qui gratouille, des paillettes qui chatouillent, une jupe qui remonte, des collants qui descendent, une écharpe qui pique, une étiquette de culotte irritante, une chaussette à l’élastique garrot, un bonnet en laine urticante, une ceinture qui serre ou qui s’échappe…. ?

Il y a 12 ans, en rendez-vous, on me parlait peu du confort : c’était une évidence, le vêtement se devait d’être confortable. Aujourd’hui, le confort est une priorité. C’est un peu comme si on voulait s’échapper d’années de tailles étranglées et de talons impitoyables. Même si ça n’a pas été le cas, on me demande presque toujours de la souplesse, de la douceur, de la fluidité, des pièces simples à enfiler… de la féminité et du chic.

Remarque : nous avons chacune notre définition du confort. Quelle notion subjective !

Par exemple, certaines femmes me disent supporter très bien la pure laine à même la peau alors que d’autres n’imaginent pas porter un gramme de laine même avec un t-shirt seconde peau pour les protéger.

D’après mon expérience, le coton et le lin font l’unanimité côté confort. Des matières douces et plus respirantes que la soie (qui peut faire « suffoquer », je cite) ou le synthétique (qui fait transpirer). On me parle aussi de l’encolure qui ne doit pas monter trop haut (sensation d’étouffement), des teintures qui provoquent des irritations et autres joyeusetés. Du métal d’un bouton qui créent des rougeurs, des zip qui marquent la peau ou de l’étiquette qui piquent le cou.

Sans oublier les élastiques qui serrent ou gratouillent atrocement (vive les chaussettes avec un bord roulotté et les culottes sans couture), les armatures qui cisaillent et les agrafes qui rentrent dans le dos (pas pour rien si de nombreuses ont jeté leur SG dès le premier confinement).

Vous vous reconnaissez ?

La sensibilité – voire l’hypersensibilité – vestimentaire existe.

C’est important d’en tenir compte : inutile d’acheter des pièces qui se rappellent à vous pour de mauvaises raisons.

L’envie de confort se voit dans les collections.

Depuis la sortie du confinement, on n’a jamais vu autant de baskets, de t-shirts larges, de sweat-shirts à capuche, de pantalons amples, de jogpant s(le nouveau nom du pantalon de jogging), de paper bag (cette confortable taille élastiquée) et de pantalon au dos élastiqué (super quand on oscille entre deux tailles).

Côté style, on peut adorer ou s’en méfier mais une fois qu’on y a goûté, miam, dur de revenir à un truc qui serre !

Pour vous sentir chez vous dans un vêtement, vous l’avez sans doute remarqué, il ne faut pas qu’il vous embête.

Si vous tirez toutes les cinq minutes sur votre jupe qui remonte, si vous rajustez une chemise dont le col ne tient pas en place, vous délaisserez ces pièces .

Pourtant, je pense qu’un vêtement ne doit pas (toujours) se faire oublier.

Un vêtement a le droit d’exister. Il a sa vie !
Mais vous la partagez et vous avez intérêt à bien vous entendre.

Parfois, l’habit se fait discret, tout mou et doux, notamment les jours sans où vous n’avez pas envie de vous laisser embêter par des talons vacillants et des trucs clinquants.
Parfois, il donne le ton de la journée, il vous apporte de la prestance, de la présence, de l’éclat, de la structure…
C’est la différence entre des cheveux retenus vite-fait avec un chouchou et un chignon bien serré.

Avec un blazer épaulé, on se tient droite.
Avec des bottines qui montent, on regarde son interlocuteur dans les yeux.
Avec une ceinture qui prend la taille, on se sent maintenue.
Avec un col relevé, on a la nuque fière.
Avec un manteau enveloppant, un peu lourd, on se sent protégée.Ça n’empêche le confort.
On a parfois besoin de sentir le vêtement, physiquement (pour de bonnes raisons, évidemment). Ou mentalement. Il influence notre maintien, notre façon de bouger et d’être. Ni carcan, ni divan, il nous sert de colonne vertébrale, nous aide à nous sentir chez nous, plus confiante…

Il nous porte autant que nous le portons.

Découvrez aussi :